La nouvelle formule du salon du livre de Paris a beaucoup fait couler d’encre. Format plus court (quatre jours contre 6 jusqu’en 2010), le SDL, qui mettait il y a encore deux années un pays à l’honneur, se fait désormais le chantre d’un thème (les lettres japonaises), d’un genre (le manga), d’un autre média (l’adaptation des livres au cinéma), d’une ville (Moscou ville invitée) et d’une problématique (le livre dans la cité). L’idée générale est donc de concentrer l’évènement et de « ratisser » plus large au niveau du public.
Une édition (presque) record, si l’on prend en compte les quelques 190 000 visiteurs qui se sont rendus porte de Versailles cette année (soit 10 000 de plus qu’en 2011, selon le Syndicat National de l’Édition), surtout si l’on tient compte du prix élevé du billet d’entrée (9,5 euros et des restrictions d’accès notables 1). Rappelons que le salon se tenait sur fond de débat autour de la décision d’augmenter la TVA sur le livre par le gouvernement français sortant.
Selon Antoine Gallimard, membre du comité d’organisation, le SDL 2012 c’était donc « 40 pays, 20 auteurs japonais à l’honneur et 18 auteurs moscovites invités, ainsi que plus de 2 000 auteurs français [qui] ont pu échanger avec le public lors de plus de 500 rencontres organisées pendant ces quatre jours du Salon » 2. Ces rencontres étaient réparties sur 500 stands rassemblant pas moins de 1200 éditeurs du monde entier.
Pour continuer dans la série « chiffres », mais cette fois au niveau des littératures et des livres africains, nous aurons surtout retenu que parmi les quelques 55 000 m² du parc des expositions, 280 étaient dédié aux « Livres et Auteurs du bassin du Congo », 95 à l’Algérie, 25 à la Côte d’Ivoire, 24 au Maroc, 21 à la Tunisie, 14 à la Guinée, sans oublier un vaste espace Librairie du Sud/Culture France. Cet espace, subventionné par l’Institut Français, mettait en valeur un certain nombre d’ouvrages d’écrivains africains édités en Afrique. L’institut a notamment soutenu le déplacement d’une partie de la délégation guinéenne et de plusieurs écrivains africains 3.
En marge de ces représentations « officielles », on a encore pu croiser les délégations camerounaise, invitée par le Bureau du livre du ministère de la culture du Cameroun (deux éditeurs et trois officiels du ministère) et sénégalaise (deux écrivains et une libraire invités par l’Institut Français). Des présences qui présagent, peut être, de nouveaux espaces africains durant le Salon du livre 2013. Enfin, nous n’oublierons pas d’évoquer la présence de l’Association l’Oiseau Indigo Diffusion, qui représentait au Salon les ouvrages d’éditeurs du pourtour méditerranéen, ainsi que les Classiques Africains pour la Côte d’Ivoire 4.
L’édition 2012 a donc été exceptionnelle en termes d’exposants africains. Un progrès que l’on tempèrera en rappelant que l’Afrique représentait seulement 1% de la surface d’exposition totale du salon…
Pour rappel, le Stand du Congo qui en est à sa troisième édition n’avait encore jamais occupé une telle surface d’exposition. Un petit retour sur les dernières éditions du salon est éloquent : en dehors de la présence de la librairie du Sud (subventionnée depuis plusieurs années par Cultures-France), l’Afrique aux salons du livre 2007, 2008 et 2009, c’était essentiellement le stand de la librairie Afrique et Caraïbes ; en 2006 il y avait un stand Afrique ; en 2005, année « faste » l’association Afrilivres avait inauguré un espace au SDL (une initiative hélas jamais renouvelée depuis), cette même année, l’Alliance Internationale des Éditeurs Indépendants avait aussi son propre espace, tout à côté d’Afrilivres.
R.T.
1 Les étudiants de moins de 26 ans n’avaient un accès gratuit que pour une seule journée au Salon, pour participer à la journée professionnelle, les particuliers devaient débourser 30 euros.
2 Le propos d’Antoine Gallimard est rapporté par Adrien Aszerman dans un article publié sur le portail Actualitté, les univers du livre (en lien).
3 Le stand de la Librairie du Sud prend une place croissante depuis 2010 (année de la Francophonie). Le programme 2012 du de la Librairie du Sud est disponible en version .pdf (464 ko) sur le site Web de l’Institut Français (en lien).
4 Voir notre article consacré à l’Oiseau Indigo Diffusion (en lien).