L’édition jeunesse et ses aléas au Sénégal

30/04/2012 : « Sénégal : L’édition de jeunesse – Des coûts de production hors de portée »

Selon Baba Mballo « [é]diter un livre pour la jeunesse semble être un parcours du combattant pour les écrivains sénégalais. L’illustration, l’impression, l’infographie, le papier, etc, exigent d’énormes moyens qui sont inexistants ».

En effet, « plusieurs difficultés s’échelonnent sur le processus de production d’un livre destiné à la jeunesse ». Pour l’éditeur Saer Ndiaye, (éditions Le Nègre international) « hormis le fait qu’il est difficile d’avoir un auteur qui veut écrire un livre pour la jeunesse, trouver un sujet accrocheur constitue l’une des difficultés pour la publication d’une œuvre destinée aux plus jeunes ».

Selon lui, le français constituerait plutôt un obstacle : « Il y a des mots qu’on ne peut pas écrire dans un livre de jeunesse car les enfants risquent de ne pas comprendre », explique-t-il.

Au niveau de la production des ouvrages, c’est la question des coûts qui se pose.  Interrogée à ce sujet, l’écrivaine Aïssatou Cissé relève le problème de la qualité du papier et de l’impression : « Il faut imprimer en couleur sur du papier qui n’est pas le même que celui du livre classique […]. Le papier doit être lisse, solide, brillant, etc. ».

« Le livre de jeunesse a besoin d’un papier à grammage épais. « Là où le livre classique utilise entre 80 et 100 grammes, le livre de jeunesse utilise un papier en carton qui est plus résistant », ajoute Saer Ndiaye.

« [P]our publier un livre à trois mille exemplaires, il faut décaisser quatre voire cinq millions de Francs CFA. car il faut payer l’infographiste, l’imprimeur, l’illustrateur, ajoute A. Cissé »… Antoinette Fall Corréa, directrice de l’association Bibliothèque Lecture et Développement (BLD) évalue « le coût de publication d’un livre [….] entre 1000 et 1500 Francs CFA ». « Souvent, les problèmes ne se trouvent pas au niveau de la publication mais au niveau de la distribution. Il n’y a pas assez de librairies au Sénégal, à part les quatre grandes librairies de la place. Dans certaines régions comme Thiès, il n’y a qu’une seule librairie », continue-t-elle.

Aïssatou Cissé explique : « Nous avons du mal à vendre nos malheureux mille exemplaires, sans compter le problème pour trouver un autre financement pour un autre manuscrit, c’est un véritable casse tête », un problème qu’Antoinette Corréa semble, pour sa part, avoir résolu : « Les choses ont beaucoup évolué à ce niveau qu’au début. Lorsque nous éditions 3000 exemplaires d’un livre, ils pouvaient s’écouler sur trois ans […], [a]lors qu’aujourd’hui, nous les écoulons sur une année et demie ».

D’après un article publié par Baba Mballo dans le quotidien Walfadjri, l’aurore (Sénégal).

Ce billet est également publié sur le portail Web de la revue Africultures (en lien).

 

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