23/02/2012 : « problématique de l’édition en langues nationales, cas du Mali »
À l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque 21 février à Bamako, Hamidou Konaté, président de l’OMEL (Organisation Malienne des Éditeurs du Livre) et directeur général des éditions Jamana, et Hamidou Namparé de la Direction Nationale de la Pédagogie (DNP) ont animé deux rencontres sur les thèmes : « Problématique de l’édition en langues nationales : cas du Mali » et « les contraintes lies à l’édition et à la distribution des manuels scolaires en langues nationales ».
« L’Afrique accorde-t-elle une place de 1er choix à l’écriture ? Quelle est celle accordée a fortiori à l’édition en langues nationales ? Quel est l’état actuel de l’édition en langues nationales ? Quels sont ses problèmes spécifiques ? », s’est interrogé Hamidou Konaté.
M. Konaté a rappelé que « les premières maisons d’édition installées en Afrique ont été l’œuvre des missionnaires ou des intellectuels très engagés pour l’Afrique : Présence Africaine. La grande partie des productions était en langue française. [L]’édition en langues nationales n’a connu un essor significatif qu’à partir des années 1990, malgré les efforts d’alphabétisation des années 1970 ».
Il a de même souligné que « Le Mali compte à ce jour plus d’une quinzaine de maisons d’édition malgré l’adoption par l’État d’une politique d’encouragement des livres conçus et produits par des nationaux et d’autre part par le grand intérêt que nombre de nos compatriotes accordent au livre […]. Aujourd’hui, la plupart des livres scolaires au fondamental sont produits par des Maliens. Toutefois [..], l’édition en langues nationales reste le parent pauvre pour divers motifs : faible lectorat, faible pouvoir d’achat des populations cibles, faible attention accordée par les éditeurs à l’édition en langue nationale, absence de volonté politique ».
L’éditeur a suggéré plusieurs pistes pour renforcer l’édition en langues nationales, telle que : « la mise en place d’un système d’écriture standard aussi bien dans l’élaboration des livres que dans tous les écrits officiels : médias, imprimés de ville, panneaux publicitaires » ou encore « [l]a mise en place d’un fonds d’aide à l’édition en langues nationales pour leur donner toute leur place et importance dans le paysage éditorial ».
« [É]diter en langues nationales est un acte qui participe à la volonté de décomplexer les rapports entre les populations et à poursuivre l’œuvre de décolonisation des mentalités », a conclu Hamidou Konaté.
D’après un article d’Amadou Sidibé publié dans le quotidien Les Échos (Mali).