28/02/2012 : « Polémique autour du Prix Yambo Ouologuem »
Le prix littéraire Yambo Ouologuem décerné lors de la Rentrée littéraire du Mali serait-il essentiellement un fonds de commerce pour les organisateurs ? C’est en tous cas la vision de la famille de l’écrivain. Issa Fabaka Sissoko revient sur la récente polémique qui oppose les proches du prix Renaudot 1968 et les organisateur de la manifestation littéraire qui s’est tenue du 7 au 10 février derniers.
Un problème juridique, en premier lieu : « les ayant-droits de l’écrivain (aujourd’hui gravement malade à Mopti) pensent que ce prix est loin d’être un hommage rendu à celui-ci. Car, se plaignent-ils, depuis l’institution de ce prix, la famille n’en a jamais été informée […]. Interrogés sur la question, les professionnels du droit sont formels : « Yambo a beau être un patrimoine de la littérature, toute initiative portant son nom doit avoir l’adhésion des membres de sa famille » […], pour qui, le droit au nom est un principe inaliénable ».
Eugène Ebodé, lauréat 2012 du prix Ouologuem, a lui-même « exprimé son souhait de recevoir son trophée des mains d’un représentant de la famille Ouologuem. Mais les organisateurs l’avaient décidé autrement. Pour le fils cadet de Yambo et de son ex épouse, « le mépris est évident et la Commission d’organisation ne peut continuer à utiliser le nom Yambo comme fonds de commerce ».
La famille de l’écrivain « dénonce le mépris total réservé à Yambo et aux membres de la famille, par les organisateurs de la Rentrée littéraire. « Bien qu’il soit malade, Yambo est encore vivant. Mieux, il a des enfants, une épouse […]. Pour ce prix littéraire, les organisateurs invitent tout le monde entier, sauf les membres de la famille de Yambo Ouologuem », s’insurgent les enfants de l’écrivain. Avant de déclarer qu’il ne sert à rien d’honorer Yambo par un prix et le laisser vivre à l’âge de la pierre taillée. « Yambo est vraiment malade et a besoin d’une assistance », a indiqué pour sa part Mme Adama Diallo ».
Les organisateurs de la Rentrée littéraire excluent pour leur part « toute idée d’utilisation du nom de l’écrivain à but lucratif ». Selon Ibrahim Aya, Secrétaire exécutif du Fonds des Prix Littéraires : « Yambo est une grande figure de la littéraire à qui nous avons voulu rendre hommage au même titre que d’autres écrivains. C’est notre devoir d’écrivains. Yambo est un patrimoine mondial, il appartient donc à tout le monde. La Rentrée littéraire n’est pas dédiée à Yambo, c’est un prix qui porte son nom. Nous ne voyons pas le problème. Mais cela gène des gens, nous n’avons aucune objection à arrêter de baptiser le prix en son nom ».
Issa Fabaka Sissoko s’interroge : « Comment dédier un prix d’une valeur de 5 millions à quelqu’un, alors qu’il vit dans une situation pitoyable ? »
Selon M. Aya, « le soutien à Yambo Ouologuem face à ses difficultés du moment, ressort de la responsabilité de l’État malien. Qui doit, dit-il, lui venir en aide. « Les fonds, dont il est question, sont mobilisés au nom de la Rentrée littéraire, et non au nom de Yambo Ouologuem […]. Qu’il y ait un prix ou non au nom de Yambo, la Rentrée littéraire va continuer ».
Pour le moment, « la famille de Yambo Ouologuem a dressé une lettre de protestation au chef de l’État et au ministre de la culture ».
D’après un article d’Issa Fabaka Sissoko publié dans Le Journal du Mali.