Afro-bulles, 2002-2012

Alix Fuilu revient dans un entretien avec Afrik.com sur l’expérience de l’association Afro-Bulles qui fête cette année ses 10 ans. Basé à Tourcoing (France), ce collectif dont Alix Fuilu (illustrateur et dessinateur originaire du Congo Kinshasa) est le fondateur, se donne – à travers diverses activités de promotion (organisation d’évènements et participation à des rendez-vous de la bande dessinée, portail Web) et d’édition – « comme objectif de promouvoir cet art encore très peu connu du grand public sur le continent ».
Le projet a « officiellement commencé en 2002 avec une exposition organisée dans le Nord de la France ».
Partant du fait qu’il « est très difficile pour un dessinateur africain, vivant en Afrique notamment, de vivre de son art car la BD est encore assez méconnue sur le continent [africain] », l’association entend alors dépasser l’idée d’un art marginalisé, comme le prouvent les « statistiques depuis ces dernières années, la bande dessinée est en train de monter en flèche, elle a le vent en poupe ».
Il s’agit d’offrir des perspectives à des auteurs confrontés au « peu de maisons d’édition spécialisées dans la BD africaine […]. De nombreux dessinateurs ont chez eux beaucoup d’albums, des planches déjà terminées, mais ils n’ont personne à qui les proposer pour les éditer, d’où la difficulté d’en faire réellement son métier. Mais même lorsqu’on trouve une maison d’édition, ce n’est pas tout de suite que l’on peut vivre de son art ».
Selon Alix Fuilu, « [c]’est d’ailleurs pour cette raison qu’Afro-Bulles fait également office de maison d’édition pour tenter justement de pallier à cette situation, même si pour l’instant, son siège se trouve en Europe. Il y a des démarches en cours pour changer cela. Nous avons pour projet d’installer dans certains pays africains des succursales de l’association, des structures d’édition qui vont pouvoir éditer des BD sur place, afin de permettre aux dessinateurs africains résidant sur le continent de voir leurs œuvres publiées et diffusées là-bas ».
Un projet de décentralisation car « [i]l y a […] beaucoup plus d’auteurs d’Afro-Bulles qui sont sur le continent, deux tiers d’entre eux pour être précis. Mais grâce à Internet et à la poste, nous pouvons collaborer malgré la distance. Quelques fois, les centres culturels français jouent également l’intermédiaire entre nous ».
Dans ses objectifs, L’association entend notamment toucher l’édition française « quelques grandes maisons d’édition commencent déjà à s’intéresser [aux auteurs]. Il y a ainsi certains auteurs d’Afro-Bulles qui commencent à être publiés dans des maisons comme Albin Michel ».
Une ambition essentielle anime l’équipe d’Afro-bulles : « montrer qu’il y a également une autre vie en Afrique que celle véhiculée par les médias occidentaux faite de violences, de pauvreté généralisée, de guerres… »

Un entretien réalise par Vitraulle Mboungou, pour afrik.com

 

 

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