Par Raphaël Thierry
2/ La bande dessinée "Africaine" ne se résume-t-elle que "globalement" à l'échelle internationale ? Comment mieux percevoir et reconnaitre ses caractéristiques nationales, régionales ? @Afrmed @cooplaimomo #FIBD2018 #AfricAngouleme18
— Raphaël Thierry (@raphthierry) 21 janvier 2018
Intervenir dans une table ronde réunissant des professionnels africains de la bande dessinée sur un thème tel que « Quel marché pour la Bande dessinée en Afrique ? », en tant qu’universitaire français travaillant en Allemagne, cela peut demander une certaine dose de culot… Mais cela me donne justement l’occasion de réfléchir à cette question de légitimité, et du lieu d’où l’on s’exprime sur un thème tel que « la bande dessinée africaine ». Il me semble qu’il est souvent d’usage en Europe, de proposer des panoramas continentaux du secteur du livre en Afrique, ce qui va souvent d’ailleurs avec des recommandations qui, si elles peuvent avoir du bon sens, présentent néanmoins, aussi, le problème de ne pas être au contact du quotidien et des réalités socioculturelles des espaces de lecture et de commercialisation du livre en Afrique. Mais déjà, quand je dis « en Afrique », je devrais plutôt dire : « dans telle ou telle région », « dans tel village ou telle ville », « dans tel quartier », « telle rue », etc. Pour résumer, dans « tel contexte socioculturel ».
Ce qui me mène à cette première question : la bande dessinée « Africaine » ne se résume-t-elle que « globalement » à l’échelle internationale ? Comment mieux percevoir et reconnaitre à l’étranger ses caractéristiques nationales, régionales ?
Je n’ai pas de solution miracle à proposer, mais seulement des éléments de réflexion sur ce que l’on considère en France comme « marché de la bande dessinée africaine » à la lumière des questions que je me suis posé concernant le marché de la littérature au Cameroun et sa relation avec le marché international du livre.
La première chose que je voudrais souligner, c’est justement que le marché français de la bande dessinée est très fort économiquement, et qu’il centralise la majorité de l’économie du livre francophonie. Cela a un impact direct sur la médiatisation et au final sur les publics. Un des problèmes qui s’est présenté dès les années 1950, c’est que l’offre éditoriale française a eu besoin de se renouveler, d’impulser un nouveau souffle à son marché et de développer des collections africaines. Le marché français de la bande dessinée a sans doute davantage amorcé une ouverture vers l’Afrique vers la fin des années 80, surtout les années 90 et 2000. Les éditeurs français, de littérature et de bande dessinées, ont eu besoin d’utiliser ce « label » africain pour toucher un public cible, prioritairement français. Cette généralisation ne facilite pas, il me semble, une meilleur connaissance des marchés du livre en Afrique (à travers, au minimum, 54 états). Ce qui me mène à mon deuxième point de réflexion lié à la fréquente marginalisation du livre produit en Afrique…
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