18/02/2012 : « Livres mal conservés, absence de salle de lecture… : La bibliothèque nationale dans le coma »
Dans un article publié pour le quotidien Nord/Sud, Sanou A. dresse un tableau bien triste de l’état de fonctionnement de la bibliothèque nationale de Côte d’Ivoire. Un édifice « qui a longtemps été le symbole du défi éducatif ivoirien [aujourd’hui] laissé à l’abandon ». Le site n’a pas été épargné par la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.
Visite : « Au rez-de-chaussée, la bibliothèque enfantine, qui pointe à droite de la bâtisse, résiste au raz-de-marée des pilleurs qui se sont déversés sur le site pendant la crise postélectorale. Un déluge qui a éventré l’institution […]. Malgré cela, un fond de documents a résisté à la furie des visiteurs-voleurs […]. On enregistre une dizaine de visites par jour ».
À l’opposé de cette partie du grand bâtiment, la bibliothèque des adultes : « Des escaliers sombres mènent au premier étage. À travers la vitre, on lit : « documents judiciaires » […]. Une pile de paperasses meuble les rayons. Elles sont plus ou moins bien disposées. Tout est « poussif et poussiéreux ».
Au second étage, « [d]ans le hall de l’espace qui sert d’administration, des documents et quelques bouquins sont éparpillés sur les planchettes. Les deux côtés de l’esplanade contiennent des bureaux. Celui de la directrice, Chantal Adjiman, se trouve au fond à droite […]. Les vitres permettent de percevoir là-aussi des climatiseurs. La grande salle de lecture est fermée. Des documents mal ordonnés y sont exposés dans le noir ».
La situation s’est néanmoins améliorée : « au passage du ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Kouakou Bandaman, le 15 novembre dernier, le paysage était plus désolant. Les conduits d’eau étaient cassés, les matériels de bureau emportés, les splits et autres appareils de rafraîchissement volés. A ce jour, du matériel de bureau a été acquis. Ce qui a permis la reprise du travail de l’administration. Des ampoules Néon éclairent tant bien que mal les halls. Mais, des efforts restent à faire ».
Sanou A. rappelle que la BNCI, originellement « Bibliothèque de l’Institut français d’Afrique noire à l’origine, ensuite Centre national de documentation (Cnd) et bibliothèque nationale le 24 avril 1968, […] occupe une superficie d’1,2 ha. Le bâtiment, sous sa forme actuelle, occupe 6.500 m2 de planchers et a été inauguré le 9 janvier 1974 par le président Félix Houphouet-Boigny. Le bâtiment à deux niveaux est conçu pour une capacité d’accueil de 300 places réparties entre deux salles de lecture qui peuvent contenir 100 000 volumes de livres. Les magasins peuvent accueillir, eux, jusqu’à 200 000 bouquins ».
Et de faire un constat « Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Pas grand-chose ».
Une petite note d’espoir, peut être : « À travers les vitres transpercées par des impacts de balles au premier étage, un oiseau émet un chant strident. Chant d’espoir ou de désespoir ? L’avenir le dira ».
D’après un article de Sanou A. publié dans le quotidien Nord-Sud (Côte d’Ivoire).